ON N'EST PLUS A UNE CONNERIE PRES
60 à la minute, 3 600 à l'heure, 86 400 par jour. Non, il ne s'agit pas de secondes mais du nombre d'idées traversant la tête de la fébrile Roselyne Bachelot pour séduire Nicolas S et rester au gouvernement. On ne peut pas être génial tous les jours. On ne lui en demande pas tant. On attend juste que dans son esprit fécond de membre du gouvernement, germe au moins une fois de temps en temps une idée intéressante à défaut d'être lumineuse. En 2008-2009, Ministre de la santé, elle a fait dépenser des fortunes dans l'achat d'un vaccin contre le rhume H1N1, jurant qu'on allait tous mourir si on ne se faisait pas piquer le cuir. Tu parles ! 6 mois plus tard et comptabilisant moins de 450 morts imputables directement à cette maudite goutte au nez, il fallait déjà entreprendre la destruction des stocks à durée de vie limitée. En 2010, Ministre des sports, elle est partie en Afrique du Sud pour secouer les puces de 11 branleurs grévistes peints en bleu et de leur « patron » coiffé façon brosse à chiottes. On a vu le résultat !
Aujourd'hui toujours par instinct de survie politique développé par moult remaniements Matignonais, elle a décidé de s'attaquer à la prostitution par la pénalisation de la clientèle. Vaste programme Roselyne que de s'en prendre au plus vieux métier du monde ! La corporation des prostitué(e)s contraint(e)s ou volontaires appréciera. Car cette tentative à la fois audacieuse et stupide ne peut qu'aggraver les conditions d'exercice des travailleuses et travailleurs du sexe. Déjà la loi contre le racolage avait obligé ces dames et ces messieurs à s'enfoncer plus en fond dans les bosquets et autres bois avec le risque de faire de très mauvaises rencontres. Désormais, il s'agit carrément de les interdire de revenus. Ma pauvre Roselyne ! Il faudrait déjà t'interroger sur la raison qui a fait de la prostitution le plus vieux métier du monde. Ensuite, tu saisiras que la prostitution occupe une place très importante voire essentielle dans notre société de solitude et de mal être. Que s'il existe manifestement de pauvres filles forcées à exercer, beaucoup plus que tu ne crois considère cette activité comme un métier à part entière avec ces corvées mais aussi avec ces avantages. Celles qui rêvent de raccrocher sont dans le même état d'esprit que tous les ouvriers qui espèrent quitter l'usine un jour. Il y a parmi ces professionnel(le)s, des gens qui arrondissent leurs fins de mois, d'autres qui s'encanaillent en luttant contre une vie morne et déçue, d'autres dont la passe est le seul moyen de payer le loyer et encore d'autres qui aiment tout simplement le piment de rencontres furtives protégées.
Cette tentative de prohibition du sexe tarifié est vouée à l'échec car elle ne répond en rien aux causes qui mènent à la prostitution. Rien n'est fait pour palier le manque de revenu au quotidien car « le travailler plus pour gagner plus » a été un slogan fumeux et a très vite montré ses limites. Rien n'a été fait dans la politique sociétale pour ranimer l'espoir d'une vie meilleure et la foi dans l'avenir tant le peuple est désormais convaincu que l'Etat ne sert que les riches. Rien n'a été mené pour lutter activement contre la précarité de l'emploi et pas d'avantage pour sortir de la misère tous les laisser pour compte de notre société. Pour les jeunes, rien non plus. Aucune mesure concrète pour combattre la misère des jeunes étudiants, salariés ou diplômés, tous victimes de marchands de sommeil cupides et d'employeurs escrocs proposant des jobs pourris et des salaires de misère.
Depuis 2007, on a juste favorisé et entretenu une société anxiogène, grande productrice de misère sociale et de déstructuration sentimentale et conjugale. Et que dire des hommes, clientèle majoritaire, qui dans la solitude de leur vie, sans emploi suite à délocalisation, stressés par le lendemain et la menace des huissiers, abandonnés au cœur des grandes villes parce que l'ex a gardé les gosses après le divorce, qui « vont aux putes » pour chercher juste un peu de réconfort sans descendre le pantalon sur les chevilles. Eh oui, parfois la passe est juste un moment que certains s'offrent pour parler avec quelqu'un, avec une femme qui ne leur veut pas de mal et parce qu'ils n'ont personne d'autre à rencontrer et à qui se confier.
Il faut savoir que la majorité des prostitué(e)s ne se plaint pas du manque de respect de la clientèle. En revanche, elle se plaint des méthodes employées par les forces de l'ordre qui les empêchent de travailler honnêtement. C'est vrai quoi, pourquoi les importuner. A qui donc font-elles du tort ?
Dis-nous tout, Roselyne. C'est un lobbying du MLF post-soixante-huitard qui t'a soufflé cette connerie? Mesures-tu toutes les conséquences d'une telle décision ?
Cela me fait penser à la fermeture de Sangatte en 2002 par un certain Nicolas S, Ministre de l'Intérieur sous le prétexte de régler le problème des clandestins attendant de passer en Angleterre. C'est vrai, ils ne sont plus à Sangatte. Ils sont désormais à Calais. On a réglé le problème en le déplaçant de quelques kilomètres. A problème identique, raisonnement identique. Sous Sarko, on ne change pas une méthode qui ne fonctionne pas ! Ainsi demain, si les filles sont interdites en France, les mecs iront « aux putes » en traversant la frontière belge, espagnole et italienne. C'est vrai que de l'autre côté des Alpes, Berlu fait un élevage plutôt réussi de « putes de concourt » et très jeunes en plus. Plus besoin de se taper 10 heures de vol charter pour la Thaïlande et de subir son air suffoquant et putride. En bagnole en passant par Nice et Menton, on y est facilement. En plus, la route de la corniche est magnifique, ce qui ne gâche rien.
Et dans la cohorte des dégâts collatéraux que l'idée de Roselyne va provoquer, notons la fin des lits « garnis » pour nos hôtes étrangers facilitant la signature de contrats juteux au profit des sociétés de CAC 40. Et dans cet engrenage infernal, je vous informe de la prochaine interdiction des soirées « romantiques » où on invite une donzelle au resto-chandelle et piano discret, cinoche ensuite et enfin cocktail dans un bar à l'ambiance tamisée avec dans l'esprit, l'idée bien pragmatique de la culbuter avant minuit eu égard à la somme dépensée. Ah ben ouais car après tout, l'amour tarifé se conçoit aussi contre avantages en nature et loisirs divers, non ? Ne soyez pas hypocrite ! Homme comme femme, on connaît tous ce genre de manœuvre qui mène au lit !
Pour redevenir sérieux, que deviendront nos charmantes « putes » sans le sou ? Que risquent de faire les accidentés de l'amour si on leur interdit l'accès au sexe tarifé ? La manche sur le parvis des gares pour les unes, des agressions sexuelles finissant dans le sang pour les autres.
Décidément Roselyne, quelle excellente idée que la tienne ! Pourtant, si le prétexte premier est vraiment de lutter contre l'esclavage sexuel, pourquoi donc ne pas déclarer une guerre totale contre les proxénètes, véritables criminels et trafiquants de chaire humaine ? Bon, c'est vrai. Il faudra y mettre les moments. Il faudra lutter contre des organisations maffieuses bien installées et aux activités diverses faites de vente d'armes, de trafic de drogue, de marché noir et de trafic d'influence. Ca risque aussi de faire tomber des ministres bien en vue, des députés, des sénateurs et des grands décideurs. C'est donc extrêmement risqué. Imaginez donc ! Si le peuple apprenait qu'il est gouverné par des voyous ? Comment donc se faire ré élire en 2012 ? Déjà que c'est vraiment pas gagner !
Mais c'est vrai, en France depuis 2007, la chasse aux citoyens sans défense est devenu le bon plaisir du Monarque à l'instar de la chasse à courre de feux nos bons Rois. Et puis, reconnaissons que c'est tellement plus facile et démagogue pour plaire à l'électorat du 16ème traumatisé par la perte brutale du bouclier fiscal ! Et puis, ces bourgeois de l'avenue Foch, gras et repus de dividendes ne vont pas aux « putes », eux. Ils emploient des vacataires. On appelle cela des escort-girls. C'est pas pareil !
Au fait, une pseudo aristo, pseudo mannequin, pseudo chanteuse, pseudo musicienne et depuis peu pseudo comédienne qui s'est fait sauter par les plus grosses fortunes de showbizz, de la finance et de la politique, on appelle cela comment déjà ?